Européennes novembre 2018 : Ségolène Royal
Si quelques-uns comme le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, la courtise depuis le début de l’hiver, beaucoup aimeraient se passer de cet électron libre. Il faut dire que ses thèmes de prédilection sont dans l’air du temps : la démocratie participative, l’écologie mais aussi l’ordre et la justice, ainsi que le retour à la "vraie" politique. Celle qui a été députée et présidente de région apparaît donc légitime comme cheffe de file aux yeux de beaucoup au PS.
Un autre atout de Ségolène Royal est sa voix, qui est l’une des rares à encore porter à gauche. Le hic : sa liberté de parole et son décalage supposé avec la base militante. Comme lorsqu’elle déclare à la radio, à propos des lycéens retenus à genoux plusieurs heures par les CRS à Mantes-la-Jolie : "ça ne leur a pas fait de mal, ça leur fera un souvenir". À la direction du PS, on s’est pris la tête entre les mains.
Pour les socialistes, ce serait une candidate par défaut. Ségolène Royal n'ira aux Européennes qu’à la condition difficile de rassembler au-delà du PS. Pierre Moscovici, lui aussi ancien ministre, a commenté en off : "Le problème ce n’est pas elle, mais le parti. Soit il y va avec elle, et il n’existe plus. Soit il y a va seul, et il ne fait pas 5%". À moins de 5% des voix, le parti ne remportera aucun siège au Parlement européen.
En attendant, Ségolène Royal trace sa route, aidée d’une petite équipe de bénévoles. "Quelques fois, on ne sait pas bien si on bosse pour les Européennes ou pour les présidentielles", a confié un membre de l’équipe. Elle poursuit par ailleurs la tournée de promotion de son livre, Ce que je peux enfin vous dire. À chaque fois, Ségolène Royal débute sa séance de dédicace par un débat participatif, afin qu’on la compare pas à un autre revenant de la vie politique, François Hollande.