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Au secours Ségolène revient !
18 février 2019

Ségolène Royal, ministre de l’Ecologie, est ce

Ségolène Royal, ministre de l’Ecologie, est ce vendredi à Mauléon pour une inauguration chez Heuliez Bus. Malgré la polémique sur sa gestion à la Région et des paris économiques qui ont fait un flop.

Ségolène Royal revient! Cet vendredi après-midi, à 15h10, Royal la ministre viendra vanter ce que Ségolène la présidente de Poitou-Charentes a soutenu. C’est à Mauléon (79), à l’extrême nord de son ancien laboratoire, qu’elle viendra assister à l’inauguration de la première ligne de fabrication industrielle d’un bus 100% électrique, chez Heuliez Bus. Coup de pub ministériel pour un ancien industriel moribond symbole de la crise qui a frappé Poitou-Charentes en 2008-2009.

L’opération est osée. Car depuis quatre mois, en région, Ségolène Royal est directement liée à la tempête des mécomptes et impayés de Poitou-Charentes, aux emprunts toxiques et aux paris industriels ratés. Ripostera-t-elle, enfin, lors de cette visite ministérielle, alors que l’audit de Ernst and Young accable sa gestion, poursuivie sans sourciller par Jean-François Macaire, et que la Cour des comptes devrait rendre son rapport après l’été ?

Ex New-Fabris: des investissements très risqués

A la suite du naufrage de New-Fabris, ex-fleuron de l’industrie châtelleraudaise, la Région a acquis ce site immense en 2010. A l’origine, l’idée est de le rénover par le biais d’une SPL (Société publique locale), La Nouvelle Fabrique Ecologique, puis de le réindustrialiser. L’objectif est ambitieux: accueillir des entreprises tournées vers les énergies renouvelables, permettre à «Eco et mobilité» (lire ci-après) de développer son véhicule électrique à quatre places, créer un «site de formation aux métiers de la croissance verte». A cette période, Ségolène Royal a un horizon politique: la primaire de gauche pour la présidentielle.

Première salve d’investissements: 800.000 euros pour acheter le site, 2,6 millions d’euros pour dépolluer et rénover le site. Une participation au capital de la SPL à hauteur de 600.000 euros, les 400.000 autres étant apportés par l’agglo de Châtellerault.

En 2013, VMH Energies, un constructeur de panneaux solaires, est séduit par le site. Par convention votée par la Région le 21 juin 2013, VMH s’engage à louer le site 18 mois, puis à l’acheter 2,1 millions d’euros. On lit, dans le document: «A terme, ce sont de 250 à 300 emplois qui sont attendus».

Trois ans plus tard. VMH est la seule entreprise sur le site. Seuls 20 salariés œuvrent dans ses ateliers et ils ont connu une longue période de chômage technique en octobre et novembre derniers. L’entreprise, qui ne publie pas ses comptes, a bénéficié d’un beau cadeau. En 18 mois, elle n’a payé que 139.000 € de loyer, au lieu des 486.000 € de loyer prévus par convention (source: délibération conseil régional du 24 avril 2015). Mais ce n’est pas suffisant. VMH revient sur son engagement de racheter le site et demande à bénéficier d’un crédit-bail, un dispositif légal mais très rarement utilisé par une collectivité. Par délibération du 23 janvier 2015, modifiée le 24 avril 2015, la Région Poitou-Charentes accepte de porter ce dispositif qui doit lui permettre de récupérer 2,1 millions d’euros, au bout de 15 ans.

Un des motifs avancé en coulisses: «En cas de difficultés, l’entreprise pourra faire valoir les locaux à son actif». Mais en cas de très grosses difficultés, la Région perd tout! La situation est fragile, même si en décembre, alors que les ateliers de VMH étaient à l’arrêt, l’entreprise châtelleraudaise a remporté trois appels d’offres qui devraient lui offrir de la visibilité pour deux ans. Trois appels d’offres remportés auprès du... ministère de l’Ecologie de Ségolène Royal!

Pas de quoi faire rire Alain Rousset, qui a déjà dû mettre la main à la poche à hauteur de 2,8 millions d’euros, en avril, pour honorer les engagements de Poitou-Charentes auprès de la Nouvelle Fabrique et de son co-actionnaire, l’agglo de Châtellerault. Car en plus des investissements effectués par la Région et la Nouvelle Fabrique Ecologique, la SPL présente, à fin 2014, un résultat d’exploitation négatif de 320.000 euros. Les chiffres 2015 n’ont pas été publiés.
Il y a un détail qui fait tiquer du côté de Bordeaux: un courrier scellant la convention de crédit-bail signé Jean-François Macaire, et daté du... 31 décembre 2015. Une période lors de laquelle l’ancien président de Poitou-Charentes n’avait plus le droit de signer d’engagement et ne pouvait réaliser que des opérations courantes.

Mama Mia, la si chère voiture électrique

La voiture électrique, c’était, avec les énergies renouvelables, l’alpha et l’oméga des concepts d’excellence environnementale et de croissance verte de la politique régionale. Dans ce dossier, même la Cour des comptes, dans son rapport de 2014, n’y a pas retrouvé ses petits. D’Eco Ville à Eco et Mobilité puis Mia, en passant par le rachat de Heuliez, des recapitalisations, des subventions en direct, des prises de participation dans le capital, abondements en capital social, aides directes, aides de Poitou-Charentes Innovation et/ou Poitou-Charentes Expansion, recapitalisation et autres garanties: il faut quasiment avoir un doctorat d’économie pour s’y retrouver dans l’entrelacs des perfusions d’argent public versé à la filière voiture électrique en Poitou-Charentes.

Selon la chambre régionale des comptes, de 2008 à 2010, Eco et Mobilité a concentré 20% des aides économiques de la région. Sans compter l’argent investi par les fonds partenaires. Sans compter, non plus, 4,2 millions d’euros de dettes et emprunts détenus par la Région ni le 1,6 million d’euros de participation au capital et les 5,3 millions d’avances et garanties accordées.

Les magistrats financiers écrivaient: «La Région a aidé par tous les moyens possibles jusqu’à la défaillance une entreprise en situation de difficulté croissante». Et de rappeler la jurisprudence européenne sur le soutien abusif.

Un schéma renouvelé avec Mia Electric, un feuilleton qui a englouti des millions d’euros sous Royal et Macaire, pour se finir en liquidation judiciaire. La Région est engagée à hauteur de 5 millions dans le capital de Mia.Avec les aides directes et indirectes, des membres de l’opposition avancent le chiffre de 20 millions d’exposition au risque. La dernière dirigeante, Michelle Boos, est actuellement mise en examen pour «abus de biens sociaux, banqueroute et escroquerie». L’instruction est en cours. Et elle se bat farouchement, prête à ne pas porter un chapeau trop large pour elle. Le 17 mars, dans un droit de réponse publié par Le Courrier de l’Ouest, en Deux-Sèvres, elle indiquait, au sujet de ce fiasco: «La Région disposait d’un siège au conseil de surveillance de Mia Electric, lequel a été occupé par Ségolène Royal (...) Avec mes avocats, nous envisageons actuellement les voies judiciaires afin de faire connaître par la justice les agissements incompréhensibles de la région Poitou-Charentes». L’un de ses avocats est Thierry Herzog, qui défend aussi les intérêts de... Nicolas Sarkozy. L’affaire est en cours d’instruction.

Oxalor: 2,3 millions engloutis en un an

Ce devait être une révolution. C’est un flop mis en lumière par nos confrères de France 3 Poitou-Charentes dans leur enquête sur les tribulations de Poitou-Charentes. L’usine de valorisation des déchets Oxalor, à Lezay, au cœur du fief historique de Ségolène Royal.Une usine inaugurée en grande pompe, le 15 février 2014, à la fin du règne Royal sur Poitou-Charentes. Un procédé de valorisation des déchets innovant, les recyclant à 90% et limitant l’enfouissement. Une jolie carte postale pour l’excellence environnementale et la croissance verte. La carte a vite jauni.Liquidation le 25 février 2015. Cinq millions d’euros de passif au total. Que reste-t-il de ce pari raté ? Des pertes de 2,3 millions d’euros pour la Région, une usine neuve à l’arrêt et, sur le site, des dizaines de tonnes de déchets à l’abandon.

Le précédent Weole

Il y avait déjà eu un pari osé, réalisé en 2011 et perdu en 2013. Déjà à Châtellerault. A l’époque, promis, Weole Energy allait tout casser grâce à ses petites éoliennes domestiques. Objectifs: 20 à 30 emplois en trois ans. La Région suit ce qu’elle voit comme une pépite. 250.000 euros de prêt à l’installation, 500.000 euros investis au capital de la société. Il n’aura fallu que deux ans et demi pour que l’entreprise coule et que les 750.000 euros d’argent public investis s’envolent. A l’époque, Jean-François Macaire indiquait: «Ça fait partie des vicissitudes des fonds d’amorçage. C’est malheureux, ça peut choquer. Mais les élus assument». Sauf qu’une fois que la calculette aura fait toutes les additions, l’ardoise à assumer risque d’être lourde.

 

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