Pour en finir avec Royal et Cuba (5 bis) Ségolène
Pour en finir avec Royal et Cuba (5 bis)
Article rédigé par Roland Hureaux, le 20 décembre 2016
Ce qu'il y a de consternant dans la déclaration faite par Ségolène Royal à La Havane à l'occasion des obsèques de Fidel Castro, ce n'est pas qu'elle ait dit du bien du défunt. Tout le monde sait qu'un jour d'obsèques, il est mal venu de dénigrer le disparu.
Ce qui a choqué l'opinion, c'est le caractère à la fois exagéré et quant au fond, erroné de cet éloge.
Il n'était pas nécessaire de dire que le Lider maximo a été "un monument de l'histoire", c'est exagéré.
Il ne fallait surtout pas dire qu'il n'y a pas de prisonniers politiques à Cuba: il y en a on en connaît certains et il y en avait bien davantage encore dans les trente premières années du régime.
Évoquer l'existence sur l'île d’"une liberté religieuse" et d’"une liberté de conscience" est aussi choquant : un peu aujourd'hui certes et encore, mais on sait que, dans ce pays, pendant quarante ans, la religion a été persécutée et toute opinion dissidente interdite.
Il y avait pourtant des choses positives et justes à dire sur Fidel Castro : par exemple qu'il a incarné un moment la fierté du peuple cubain, une forme de résistance nationale contre le grand voisin américain quelque peu encombrant. Personnellement, je ne lui aurais pas reproché de dire cela. Mais l'idée d'une résistance nationale est étrangère aux valeurs de Mme Royal qui était une enthousiaste d’Hillary Clinton et des néoconservateurs américains, une mondialiste libérale et post-nationale convaincue.
Ce qui frappe dans les propos de Mme Royal (dont on ne saurait évidemment oublier la proximité avec le président Hollande) c'est d’abord l'ignorance. Je ne doute pas en effet que Mme Royal croyait sincèrement qu'il n'y avait pas de prisonniers politiques à Cuba. Cette partisane du mariage isosexe ignore sûrement que, dans les années soixante, Fidel Castro avait ouvert des camps de concentration pour les homosexuels. L'ignorance n'est pas blâmable à condition qu'elle rende modeste. Mais celle de Royal est sans gêne et sans fard à l'image d'un parti socialiste de basse époque où les carrières se font au culot.
Autant que l'ignorance, ce qui frappe, c’est la lourdeur des propos. Il faut certes faire preuve de bonne éducation un jour de deuil, et de diplomatie quand on représente la France, mais avec mesure et tact, sans se ridiculiser. En mission diplomatique, on pèse ses mots.