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Au secours Ségolène revient !
9 décembre 2019

Mélenchon sur Le Pen : cynisme ou maladresse ?

Mélenchon sur Le Pen : cynisme ou maladresse ?

 

Par Jonathan Bouchet-Petersen 

Pour avoir salué le fait que la représentante de l'extrême droite appelle à manifester ce jeudi, Jean-Luc Mélenchon se voit accusé d'entretenir une forme de confusion. C'est en fait aux travailleurs électeurs lepénistes que le député insoumis s'adresse.

  •  Mélenchon sur Le Pen : cynisme ou maladresse ?

«Même Mme Le Pen dit qu’il faut manifester, c’est un grand progrès.» Si on en reste au tweet de BFM TV rapportant les propos de Jean-Luc Mélenchon ce jeudi matin à Marseille, il y a de quoi s’étonner et même s’étouffer. A quoi joue donc le chef de la France insoumise, d’habitude beaucoup plus frontal quand il évoque la meneuse de l’extrême droite française, elle qu'il a qualifiée par le passé de «semi-démente» ? Mais en écoutant l’ensemble de sa prise de parole, d’un peu plus d’une minute, le propos se complexifie quelque peu, sans totalement dissiper le trouble. S’adresser «aux fâchés mais pas aux fachos», c’est depuis longtemps un équilibre auquel Mélenchon se tient, convaincu que dans l’électorat de Marine Le Pen se trouvent bien des Français socialement fracassés auquel il convient de parler. Les trois-quarts des sympathisants RN se disent ainsi opposés à la réforme des retraites préparée par Emmanuel Macron. 

 

Depuis Marseille, il a donc tenu, dans la tradition syndicale, à distinguer le travailleur de l’électeur : «Dans les statuts de tous les syndicats, la CGT, SUD et le reste, il est dit qu’ils réunissent tous les travailleurs, compte non tenu de leurs opinions politiques, religieuses ou philosophiques. Par conséquent, quand vous êtes dans un mouvement social, depuis toujours il y a toujours eu tout le monde […]. Je ne suis pas étonné qu’un salarié du rang, quel que soit son vote politique, car c’est bien de ça dont on parle, défendre ses intérêts avec les autres et moi je trouve ça très bien.»

 

C’est dans la foulée que Mélenchon pousse le bouchon jusqu’à Marine Le Pen, se félicitant en effet qu’elle appelle à manifester, mais tout en la taclant en creux : «D’habitude elle passe son temps à chercher des pouilles aux arabes et aux musulmans.» Et l’insoumis d’ajouter : «Pour une fois, elle a compris que quelle que soit sa religion ou sa couleur de peau, on a tous des intérêts communs, qu’on est semblable et qu’à partir de 60 ans et plus, tout le monde est fatigué donc ça vaut le coup que les gens s’arrêtent. Elle en train de faire un progrès, en quelque sorte, en direction de l’humanisme, je ne vais quand même pas me plaindre de ça.» Au-delà de cette phrase sur Marine Le Pen elle-même, dont il appartiendra à chacun de juger si elle est cynique ou seulement maladroite mais qui fait déjà beaucoup causer, Mélenchon juge surtout que «ses adhérents sur le terrain sont les bienvenus, parce qu’aujourd’hui ils viennent dans la tenue de cheminot, de gazier, d’électricien, etc. […] Comme on dit à Marseille : profession vaut noblesse.» 

Si ce sont bien les travailleurs lepénistes qui trouvent grâce aux yeux de Mélenchon, on l’a connu beaucoup moins aimable avec la fille Le Pen elle-même. Plus classiquement, le député insoumis Adrien Quatennens, invité dimanche du Grand rendez-vous d’Europe 1, affirmait, lui : «Macron et Le Pen c’est bonnet blanc et blanc bonnet. Nous devons éviter que se renouvelle ce faux duel. Jean-Luc Mélenchon est celui qui semble le plus placé pour le faire.» Rien de contradictoire avec le fait de s’adresser en républicain aux électeurs du RN, mais une mise à distance de Marine Le Pen elle-même qui manque au propos mélenchonien.

 

 

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