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Au secours Ségolène revient !
4 mai 2020

Coronavirus: les écolos craignent un grand bond

Coronavirus: les écolos craignent un grand bond en arrière

Alors que les mauvaises nouvelles économiques s'ajoutent à la crise sanitaire du coronavirus, les responsables écolos redoutent de voir la Transition écologique passer au second plan dans le "monde d'après."

 

 

L’écologie sera-t-elle être l’autre victime du coronavirus? Alors que l’épidémie de Covid-19 continue de se propager en France et dans le monde, les mauvaises nouvelles économiques s’ajoutent à un tableau sanitaire déjà sombre. En France, plus de 9 millions de salariés sont au chômage partiel, le gouvernement sort le carnet de chèques et Bruno Le Maire table déjà sur une récession inédite depuis 1945.

Autant de difficultés économiques annoncées et à prévoir qui seront forcément au cœur du “monde d’après” la pandémie de coronavirus. Certains veulent se servir de l’effet de souffle de cette tragédie sanitaire, et des incertitudes qu’elle entraîne, pour reverdir le monde et accélérer la Transition écologique. 

Mais les premières tendances, au delà des discours politiques volontaristes, ne sont pas franchement de nature à satisfaire les écologistes. “Il y a un risque que le Green Deal passe au second plan”, concède par exemple au Monde, Pascal Canfin, président de la commission environnement au Parlement européen. 

Pire, certains responsables politiques écolos craignent même un retour en arrière sur ces questions, qui n’auront pourtant pas disparu avec l’épidémie de coronavirus. Contacté par Le HuffPost, le député européen Yannick Jadot pointe le risque d’un scénario semblable à la crise financière des subprimes. 

“Sacrifier l’important à l’urgent”?

“En 2008, 80% du plan de sortie de crise tournait le dos ou n’intégrait absolument pas les questions climatiques”, se souvient le député Europe Ecologie les Verts (EELV). “Ce risque, il est toujours là”, nous explique-t-il en ciblant “l’offensive très forte au niveau européen du PPE et de l’ECR, des groupes de droite et de la droite dure” contre l’ambition climatique de la Commission européenne autour de son Green Deal. 

David Cormand résume à ses yeux, le risque qui pèse sur les questions écologiques avec cette question: “Va-t-on sacrifier l’important à l’urgent?” Pour l’ancien patron d’EELV, désormais député au parlement européen, “l’important c’est de changer de modèle. C’était vrai avant la crise du coronavirus, ça l’est encore plus maintenant car cette crise met en lumière des limites de notre modèle de développement.”

Pour schématiser, deux offres politiques vont s’affronter sur la question du jour d’après. La première, défendue par les écologistes de tous bords, consiste à dire que cette pandémie oblige à accélérer la Transition écologique. La seconde, c’est la volonté de certains dirigeants de laisser de côté les règles et les mesures “vertes” pour soigner plus rapidement les ravages économiques provoqués par le coronavirus. 

“On est à un moment de bascule”

“Pour certaines forces conservatrices, la lecture de la crise indique qu’il faut encore plus aller dans le modèle précédent”, regrette David Cormand auprès du HuffPost. “On est à un moment de bascule, soit on appréhende la crise qu’on traverse dans sa globalité et on y apporte des réponses, soit on s’y enferme avec des renoncements et des sacrifices.“

Et le premier renoncement européen pourrait être de taille. Selon Le Monde, les manœuvres se multiplient au sein de l’Union européenne pour affaiblir l’ambition environnementale portée par la Commission avec son green deal. “Les oppositions d’hier sont les oppositions d’aujourd’hui. Cette crise ne fait pas bouger les lignes, mais elle risque de renforcer les clivages. Il y a un risque que le Green Deal passe au second plan”, regrette notamment Pascal Canfin, le président centriste (et ancien de WWF France) de la commission environnement au Parlement européen au quotidien du soir.

Au centre des dissensions européennes: les pays de l’est. C’est le premier ministre Tchèque Andrej Babis qui a été le premier à remettre en cause le programme écolo de la Commission en appelant ses homologues, le 16 mars dernier, à “oublier” le Green Deal, pour se concentrer sur la crise sanitaire. Une stratégie immédiatement rejointe par la Pologne qui a demandé, le lendemain, la suppression d’un instrument permettant de lutter contre le réchauffement climatique. 

C’est d’ailleurs pour répondre à ces responsables politiques là, que des écolos de tous bords ont publié mardi, une tribune, pour “un modèle de prospérité nouveau” en Europe. Parmi les signataires: Yannick Jadot, Pascal Canfin, Laurent Berger ou encore la secrétaire d’État Emmanuelle Wargon. “Il était important de lancer un message transpartisan et européen pour que le Green Deal soit une solution”, explique Yannick Jadot au HuffPost

 

Il existe aussi des risques politiques. C'est le risque des replis sur soi, du retour des frontières, des égoïsmes nationaux exacerbés"Yannick Jadot

 

David Cormand remarque lui aussi la mise en branle de ces “forces conservatrices”. “Certaines grandes entreprises ont déjà demandé à l’Union européenne de mettre de côté certaines règles en raison de leur fragilité après l’épidémie”, regrette l’eurodéputé avant de déplorer des aides économiques distribuées sans contrepartie.

D’autres risques...

“On va réinjecter l’argent disponible, qu’on nous disait d’ailleurs indisponible pour la Transition écologique, pour maintenir le modèle dominant”, explique-t-il. Mais pour les écolos, comme pour d’autres forces politiques de gauche, l’inquiétude ne réside pas seulement dans l’abandon possible des thèmes environnementaux. “Il existe aussi des risques politiques. C’est le risque des replis sur soi, du retour des frontières, des égoïsmes nationaux exacerbés”, nous liste Yannick Jadot. 

“Pour imposer le modèle précédant, celui qui est à l’oeuvre actuellement, on va, en plus des renoncements environnementaux et sociaux nous demander de renoncer à certaines de nos libertés”, redoute pour sa part David Cormand. L’eurodéputé cite par exemple la Pologne ou la Hongrie - où les dirigeants se sont octroyés des pouvoirs très larges - ou encore la possibilité avancée du gouvernement français de mettre en place une application de tracking. 

Pas facile, dès lors, pour ces responsables écologistes de ne pas verser dans le pessimisme. L’ancien patron de EELV veut croire que le salut réside dans “la prise de conscience de la population.” Il donne notamment comme exemple les propositions “pragmatiques” mais néanmoins “ambitieuses et radicales” des 150 citoyens de la Convention Citoyenne pour le Climat. Avant de souffler: “Le problème, ce sont les dirigeants.”

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