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Au secours Ségolène revient !
31 mai 2020

«En effaçant ses tweets pro-chloroquine, Ségolène

«En effaçant ses tweets pro-chloroquine, Ségolène Royal a cédé à la panique de l’instant»

 

L’ancienne ministre Ségolène Royal a supprimé ses tweets promouvant la chloroquine, après la parution d’une étude défavorable à ce médicament. Pour le spécialiste de communication Arnaud Benedetti, il est regrettable que la parole politique tombe ainsi dans le piège de l'instantanéité.

 

 

Twitter est un univers impitoyable! Ségolène Royal vient à son tour d’en faire l’amère expérience, en supprimant d’anciens tweets favorables à l’administration de l’ hydroxychloroquine, suite à la publication d’une étude observationnelle du Lancet remettant en cause le traitement préconisé par le Professeur Raoult.

La plateforme de microblogging est un appel permanent à la surréaction, au clash, à l’immédiateté. Autant de caractéristiques d’une époque où l’épaisseur de la temporalité indispensable à la maturation de la réflexion est comme dissoute par l’irruption du buzz dans le débat public .

Twitter est un formidable appendice de l’espace public où s’entremêle le meilleur et le pire, le fade et l’éruptif, la catharsis et la vélocité, la fugacité et... la mémoire.

Et c’est bien à ce piège-ci que Madame Royal s’est faite happer, comme bien d’autres avant elle, en retirant des posts dont elle imaginait sans doute qu’ils nuisaient à la crédibilité de sa parole .

Espace public à l’état de presque-nature, Twitter dispose de la mémoire du pachyderme.

L’épiderme irrité de la médiasphère se nourrit des hiatus: hiatus entre le comportement affiché et le comportement réel, entre les promesses du passé et les actes du présent, les mots d’hier et les paroles d’aujourd’hui, l’antériorité de la vie et l’existence du moment, autant de béances qui «énergisent» la machine à désagréger les réputations, à équarrir les postures, à disséminer les profils en autant de pièces d’un puzzle incongru .

De Twitter, il faut user sans doute avec modération, même si l’écosystème du réseau incite et pousse parfois à la surenchère sur une scène numérique où la «guerre de tous contre tous» semble le plus souvent l’emporter sur l’art de la dispute argumentée et contre-argumentée. Espace public à l’état de presque-nature, le réseau dispose néanmoins de la mémoire du pachyderme. Il recrache à flots continus les déclarations de temps apparemment perdus, égrenant sur la route des gloires éphémères des femmes et des hommes publics ces cadavres dans le placard dont les «twittos» et les commentateurs font leur délice.

En effaçant ses tweets favorables à la chloroquine, Madame Royal a cédé à la panique de l’instant, soulignant de la sorte ses prises de positions passées, réécrivant son histoire numérique, pensant occulter son positionnement sur le sujet plutôt que d’essayer de l’assumer, quitte à reconnaître qu’elle avait évolué - ce qui en soi n’est pas forcément une tare. Choisissant la stratégie de la révision par la mise à la trappe, elle cumule la double peine: celle de filer à l’anglaise dans une controverse qui est loin d’être achevée, y compris sur le plan scientifique comme l’a rappelé avec cohérence et non sans courage Philippe Douste-Blazy ; mais aussi celle de ne pas assumer et de refuser de s’en expliquer préférant la tentation de reconstruction du passé que de la transparence de l’engagement avec ses doutes, ses aspérités, ses remises en question.

Mais l’âge numérique, ère du chaos apparent, a ses logiques que la vieille com’ ignore: il imprime, il porte le fer dans les plaies de ce que l’on voudrait parfois oublier, il ramène à la surface ce qu’il ne faudrait plus dire - et avoir dit. Twitter est cruel, obscène parfois, lourd de bien des ressentiments mais il est implacable aussi avec les adeptes de la langue-double. C’est la dimension «morale» de cet enfer...

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