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Au secours Ségolène revient !
28 juin 2020

Municipales – La France insoumise : la stratégie

Municipales – La France insoumise : la stratégie du coucou

Dans nombre de villes, comme à Marseille ou à Toulouse, les troupes de Jean-Luc Mélenchon font leur nid sur des listes « citoyennes » en bonne position pour gagner.

 Par Jérôme Cordelier

Les municipales, quelles municipales ? Alors que le patron d'Europe Écologie-Les Verts (EELVYannick Jadot fait le tour de France pour soutenir ses candidats, le leader de La France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, reste en retrait. Distillant simplement quelques apparitions dans des villes symboles, comme Le Havre, où se présente le Premier ministre, ou encore à Bagnolet, en Seine-Saint-Denis, pour quadriller des quartiers où des voix lui ont manqué à la dernière présidentielle. Après la claque des européennes, LFI a donné l'impression de se placer en recul sur les élections municipales. « La France insoumise n'est pas candidate aux élections municipales  », affirmaient même mordicus les responsables du mouvement quelques jours encore avant le premier tour. Et avant… de présenter, discrètement, au sein de listes estampillées « citoyennes », des candidats dans 550 villes. Le parti mélenchoniste aura obtenu 30 maires et 350 conseillers municipaux le 15 mars. Pour le second tour du 28 juin, les Insoumis se faufilent dans environ 200 listes et affichent pour ambition de bonnes places dans les conseils municipaux de nombre d'entre elles, comme, annonce le mouvement, à Amiens, Aubagne, Bagnolet, Bourges, Les Clayes-sous-Bois, Grenoble, Lyon, Noisy-le-Sec, Riom, Tours… En clair, peinant à conduire ses listes autonomes par manque d'ancrage local – ce qui est étonnant de la part d'un mouvement qui se veut la première force d'opposition –, LFI applique la bonne vieille stratégie du coucou, le fameux oiseau parasite qui vient pondre dans le nid des autres. Ce 25 juin, en allant soutenir la candidate citoyenne Marianne Maximi – dont la liste a obtenu 12,3 % des suffrages au premier tour –, Jean-Luc Mélenchon en a donné une nouvelle illustration en prenant bien soin, rapporte le quotidien local La Montagne, de souligner qu'il ne s'agissait pas d'une liste « Insoumise ». « C'est une liste que nous soutenons », a-t-il précisé.

À Toulouse, la liste Archipel Citoyen menée par l'écologiste Antoine Maurice ne cesse de minimiser l'influence des Insoumis, répétant que ceux-ci ne sont que 4 sur 53 candidats en position éligible. Mais, en cas d'élection de cette liste « citoyenne », que d'aucuns avaient rebaptisée au début de la campagne « pastèques » pour le cocktail de verts et de rouges qu'elle présente, ils feront partie de l'exécutif. Et l'eurodéputé Manuel Bompard, qui a dirigé la campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon puis celle des législatives, a récemment fait le voyage vers la place du Capitole avec Clémentine Autain et le communiste Ian Brossat – ainsi que le socialiste Benoît Hamon et l'écologiste Noël Mamère – pour soutenir Archipel.

À Marseille, on n'arrête pas d'entendre que Jean-Luc Mélenchon, pourtant député de la ville, se tient à distance du Printemps marseillais piloté par Michèle Rubirola : il n'a pas soutenu cette liste au premier tour et s'est prononcé pour elle au second tour du bout des lèvres, et sans que les candidats Insoumis s'affichent à ses côtés… Pour ne pas donner prise aux attaques musclées de leur adversaire LR Martine Vassal, qui agite, à l'instar de son collègue et actuel maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, « le péril rouge » qui menace la deuxième ville de France ? Mais qu'on ne s'y trompe pas : les Insoumis figurent bien en position éligible sur cette liste « citoyenne »… qui allie des écologistes, des socialistes et des communistes – toutes les têtes de ces partis – Olivier Faure, Julien Bayou, Fabien Roussel, le patron du PCF – sont venues soutenir la candidate.

Au Havre, les Insoumis ont rejoint la liste « Un Havre citoyen » – encore une ! – portée par le communiste Jean-Paul Lecoq, que les formateurs du mouvement « coachent » dans cette bataille, ô combien, symbolique. Objectif : « contribuer à donner à Édouard Philippe et ses équipes une claque électorale à la hauteur de la souffrance qu'ils infligent à la population ». À Bordeaux, ils soutiennent l'ex-candidat du Nouveau Parti communiste Philippe Poutou, qui a réalisé un gros score au premier tour (11,77 %), pour transformer l'essai au second et décrocher le plus de fauteuils au conseil municipal. À Montpellier, Alenka Doulain, dont la liste a obtenu 9,2 % des voix au premier tour, s'est alliée pour le second au milliardaire Mohed Altrad, une alliance baroque qui lui a valu d'être reniée par ses amis Insoumis. Non sans tort : en faisant cause commune avec le « grand capital », cette militante n'a-t-elle pas porté au bout la stratégie du coucou ? Au passage, précisons que le coucou fait couver ses œufs par les oiseaux dont il squatte les nids, qu'il utilise leurs œufs pour nourrir sa progéniture, et malheur à ceux qui n'obtempèrent pas : il les tyrannise…

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