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Au secours Ségolène revient !
27 avril 2021

Les débuts compliqués du think tank de Mélenchon

Les débuts compliqués du think tank de Mélenchon

Lancé en septembre 2020, l'Institut La Boétie, affilié à La France insoumise et présidé par un intime de son leader, tourne au ralenti.

 

"Je pense que sur ce sujet, vous n'aurez que moi." Dès le premier instant, la première seconde, Bernard Pignerol plante le décor, fait de murs de silence, où lui seul ne semble pas soudainement atteint de mutisme. Le conseiller d'État, conseiller spécial et ami de longue date de Jean-Luc Mélenchon, a été chargé par le candidat à l'élection présidentielle de présider l'Institut La Boétie : un tout nouveau laboratoire d'idées affilié à La France insoumiselancé en grande pompe en septembre dernier, afin de devenir - citons la page de garde de son site Internet - "un lieu d'élaboration intellectuelle de haut niveau et un outil d'éducation populaire". Et avec l'ambition de s'installer dans la nébuleuse des think tank qui nourrissent les formations politiques de tout bord : de la Fondation Gabriel-Péri pour la gauche radicale à l'Institut Thomas-More pour la droite conservatrice, en passant par les socio-démocrates de la Fondation Jean-Jaurès ou les libéraux de l'Institut Montaigne. 

Le haut fonctionnaire n'avait pas entièrement tort de nous prévenir : contactés, plusieurs dirigeants du mouvement "gazeux" ont refusé ne serait-ce que d'évoquer le petit dernier des satellites qui gravitent autour de LFI. Par illégitimité pour certains, par simple méconnaissance pour d'autres. "Je vais vous dire, je ne sais même pas qui s'occupe de ça", confie même l'un de ses parlementaires. S'il existe si peu de gens pour parler de l'Institut La Boétie, c'est peut-être parce que, sept mois après sa création, il y a peu de choses à en dire. Et que ce n'est pas très confortable. "Ça avance plus doucement que je ne le voudrais, mais ça avance, consent Bernard Pignerol. Je n'ai jamais pensé que l'Institut La Boétie deviendrait immédiatement un acteur important de la scène intellectuelle française."  

"Nous n'avons pas la force de frappe de Jean-Jaurès ou de Montaigne"

Depuis sept mois, le recueil des productions estampillées La Boétie est pour le moins... maigrelet. À cette heure, le site compte quatre courtes notes : deux publiées le 21 septembre, le jour même du lancement de l'Institut, sur "la semaine de quatre jours" et les "enjeux internationaux de la pandémie", écrites par deux collaborateurs du groupe LFI à l'Assemblée ; puis deux autres publiées les 8 et 26 mars, sur la "souveraineté numérique" et "l'eau au coeur des révolutions citoyennes", rédigées par la responsable des outils numériques de La France insoumise et une attachée parlementaire de Jean-Luc Mélenchon. Le tout complété par deux séminaires en visioconférence sur "la réappropriation politique du temps". "Bien creusé, vielle taupe", comme pourrait le dire Karl Marx - qui reprenait à son compte une formule d'Hamlet - mais à un rythme bien apathique... 

La seconde vague du Covid n'a sans doute pas été sans conséquences sur les travaux, la capacité à réunir des chercheurs et à monter des événements. Deux week-ends de formation politique, destinés à diffuser les bonnes pratiques militantes et à repérer les futurs cadres de la galaxie mélenchoniste, ont, par exemple, été annulés. Mais l'institut souffre également d'un manque de structuration... et d'argent. Le moment n'est pas particulièrement propice à la recherche de pygmalions : "Pour l'instant nous ne sommes qu'un fonds de dotation, indique Bernard Pignerol. L'objectif est de devenir une fondation, il faut donc que je cherche du patrimoine : il faut que l'on trouve 2 millions d'euros, afin que l'État nous donne ce statut. C'est tout un travail de construction qui s'opère, et nous ne sommes pas nombreux à nous en occuper. Nous n'avons pas la force de frappe de Jean-Jaurès ou de Montaigne." 

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