Sa participation à la manifestation controversée de la police

Yannick Jadot, critiqué y compris dans son propre camp pour sa présence dans ce rassemblement devant l'Assemblée nationale, assume : "La première raison de ce rassemblement, c'est le recueillement, la peine des policières et des policiers après deux assassinats abominables. Deuxièmement, il y a une forte colère dans la police, liée depuis 20 ans à la baisse des moyens, aux sous-effectifs, à la perte du sens de leur mission avec la politique du chiffre."

 "J'étais fier d'être là pour dire aux policiers : votre colère, il n'y a pas que le Rassemblement national pour l'écouter", explique le député européen écologiste. "L'écologie doit traiter ces sujets [de la sécurité, NDLR]. Des policiers sont venus me dire leur inconfort face à l'obscénité de la manifestation des Ciotti, des Bardella, des Ménard, des De Villiers."

 

 Ne se risque-t-il pas sur le terrain politique de la droite ? "La République, la laïcité, la police républicaine sont des héritages de la gauche. Les abandonner à la droite et à l'extrême-droite est une faute politique majeure. Il n'y a pas de liberté sans sécurité", assure-t-il en reprenant une formule classique des élus de droite.

 Sur l'éventuelle union de la gauche pour la présidentielle

"L'Histoire montre qu'un an avant la présidentielle, les sondages sont tous expéditifs", rappelle Yannick Jadot quand on lui rappelle que la gauche est éclatée entre plusieurs candidats qui peinent à s'imposer dans les enquêtes d'opinion. "On nous a dit la même chose pour les européennes ou les municipales. J'ai appelé l'ensemble des responsables politiques à gauche à se réunir, à se parler, à explorer les conditions, les projets, les propositions. Qu'on arrête de s'invectiver, de brutaliser le débat public !"

 Il répond à Jean-Luc Mélenchon, qui poursuit sa campagne : "On a bien compris qu'il sera candidat, il s'y tient, c'est sa vie et son engagement, dont acte. Mais il y a un espace politique entre Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron, qui ira chercher des personnes d'horizons politisés ou non politisés, parce qu'il y a l'envie d'un vote positif."

 

Pour Yannick Jadot, il y aura malgré tout une primaire chez les Verts : "Ça va exister, sauf catastrophe démocratique sur les régionales." Mais "il va falloir que cette primaire soit une primaire de conquête, pas une primaire identitaire où on règle nos comptes : l'idée, c'est de trouver la candidature qui permet de gagner une élection présidentielle."

 

"Une communication politique très binaire, qui ne sert qu'à Marine Le Pen"

Il dénonce un durcissement du débat politique qui fait selon lui le jeu du Rassemblement national. "C'est pas en faisant des clips d'influenceurs qu'on va aider les jeunes, ni dans leurs difficultés sociales ni dans leurs aspirations", dénonce-t-il par exemple en évoquant l'intervention d'Emmanuel Macron dans une vidéo des youtubeurs McFly et Carlito. "Y'a des chercheurs qui ont expliqué ce qu'était la post-démocratie : un monde où la politique n'est plus régie que par des agences de communication, par des promesses qui ne sont jamais tenues. Et au moment du vote, il y a ceux qui croient à la démocratie et vont voter malgré la défiance politique, et celles et ceux qui sont très en colère. C'est ce qui s'est passé aux États-Unis, au Brésil, en Hongrie, en Pologne. Je ne veux pas ça pour mon pays."

 "Rendez-vous compte de ce qu'est la politique aujourd'hui", alerte Yannick Jadot. "C'est le procès plutôt que l'écoute, l'invective plutôt que l'argument, la disqualification plutôt que la reconnaissance du contradicteur. Regardez Valérie Pécresse. En région Île-de-France, il y a des enjeux majeurs, et elle fait sa campagne en disant : c'est moi ou les islamo-gauchistes anti-républicains. À force d'avoir une communication politique Twitter, très binaire, y'en a qu'une à qui ça sert : c'est Marine Le Pen."

 

 Il estime justement qu'il y a une responsabilité des politiques à combattre le RN, pas seulement au moment des élections. "Trop souvent, le combat contre le RN, c'est : on fait les politiques comme d'habitude, on abandonne les services publics, on supprime les lits de réanimation, on laisse les suicides dans l'agriculture et la police, et après on dit 'au second tour, front républicain !' Le Rassemblement national, nous le combattons matin et soir tous les jours."