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Au secours Ségolène revient !
23 juin 2021

Les régionales bousculent (aussi) la stratégie

Les régionales bousculent (aussi) la stratégie d’Anne Hidalgo pour 2022

Le premier tour des régionales a apporté à la maire de Paris de bonnes et de mauvaises nouvelles dans sa route vers la présidentielle. La bonne, c’est qu’elle devrait pouvoir s’appuyer sur des socialistes réélus. La mauvaise, c’est que les écologistes ont marqué des points à gauche


Dès l’annonce des résultats dimanche soir, Anne Hidalgo a appelé au rassemblement autour de l’écologiste Julien Bayou, la candidate socialiste, Audrey Pulvar, étant arrivée derrière lui. La maire de Paris lui redira son soutien mercredi matin sur France Info. Jeudi, elle sera en campagne à Joigny (Yonne), en Bourgogne-Franche-Comté, où la présidente sortante socialiste Marie-Guite Dufay est arrivée en tête dimanche soir. Mercredi, elle sera à Fresnes (Val-de-Marne), pour la campagne des départementales.

Depuis plusieurs semaines, Anne Hidalgo ne se faisait plus trop d’illusion. La maire de Paris n’a jamais cru à un score détonnant d’Audrey Pulvar aux élections régionales, qu’elle avait elle-même poussée à se lancer. Sa sortie sur les réunions non-mixtes (invitant les blancs à « se taire ») avait illustré à ses yeux les limites de la candidate socialiste. Finalement, avec 11,07 % des voix, elle arrive en deuxième position des listes de gauche, derrière Julien Bayou (12,95 %) et devant Clémentine Autain (10,24 %).

 

L’ancienne journaliste obtient plus ou moins le score que lui prédisaient les sondages, mais sa performance à Paris reste décevante. Elle n’arrive qu’en quatrième position dans la capitale, où la présidente sortante de la région Ile-de-France Valérie Pécresse distance nettement les listes de gauche. « Ce n’est pas bon, ce n’est pas cata non plus… », résume-t-on sans grand enthousiasme dans l’entourage de la maire de Paris, qui a passé dimanche la soirée électorale dans son bureau de l’Hôtel de ville, entourée de ses proches. Ces derniers faisaient des allers-retours jusqu’à un hôtel du XIXe arrondissement où la gauche s’était déjà retrouvée mi-avril dans l’espoir de se mettre d’accord sur une candidature unique. C’est là que les tractations ont duré de dimanche soir à lundi midi.

Ce n’est pas un hasard si Anne Hidalgo a dégainé sur Twitter immédiatement après l’annonce des résultats, à 20 heures passé de quelques secondes, alors qu’Audrey Pulvar allait s’exprimer beaucoup plus tard dans la soirée. D’emblée, la maire de Paris a appelé « à un large rassemblement des forces de gauche et des écologistes » derrière Julien Bayou. « Elle a voulu expulser le problème Pulvar au plus vite et montrer qu’on passait à autre chose », analyse un ponte du PS.

« Nous sommes à un moment de bascule historique dans le rapport de force à gauche. Anne Hidalgo a perdu le premier round »

Alliance de raison. Avec cette fusion entre les trois listes de gauche, les socialistes se retrouvent dans une alliance avec Clémentine Autain, candidate des insoumis alors qu’une entente avec Jean-Luc Mélenchon pour la présidentielle est hautement improbable. De quoi brouiller le positionnement de la future candidate, qui défend une gauche universaliste ? « Clémentine Autain a fait une campagne raisonnable. Si Danielle Simonnet avait été la candidate LFI, nous n’aurions pas fusionné », explique-t-on dans l’entourage de la maire de Paris. « Clémentine Autain est un élément facilitateur, elle n’a pas la même image que Jean-Luc Mélenchon », insiste un élu de l’Hôtel de ville.

Voilà donc Anne Hidalgo contrainte de faire campagne derrière Julien Bayou, alors que ses rapports avec les écologistes sont notoirement compliqués. « Si ça consiste à faire campagne derrière les Verts, alors il n’y aura pas de victoire. Nous devons faire campagne autour de Julien Bayou », corrige un adjoint d’Anne Hidalgo. Pas derrière mais autour. La nuance est de taille.

Dans le rapport de force qui structure la gauche française, les écolos ont pris la main dans les régions où les socialistes n’étaient pas sortants. En Ile-de-France, en Auvergne-Rhône-Alpes, en Pays de la Loire, ils sont arrivés en tête des listes de gauche. Une donnée bien embarrassante pour Anne Hidalgo alors même que son pari pour la présidentielle est de prendre ce leadership à gauche. « Nous sommes à un moment de bascule historique dans le rapport de force à gauche, note un fin connaisseur du PS. Anne Hidalgo a perdu le premier round. Mais le problème, c’est que si Julien Bayou gagnait demain en Ile-de-France, les écolos prendraient sur les socialistes un ascendant irréversible pour la présidentielle. Ça en serait fini pour Anne. » Mais l’hypothèse d’une victoire de la gauche face à Valérie Pécresse paraît à ce stade assez peu probable.

« L’appareil militant fonctionne toujours. Et si la dynamique se confirme au second tour, cela veut dire qu’une partie des Français se reconnaît dans cette gauche »

« Apolitisme plat ». La bonne nouvelle pour la maire de Paris, c’est que ces élections viennent prouver que la gauche n’est pas morte. Et que son enracinement local reste solide. Cinq présidents sortants PS sont sortis en tête du premier tour : Marie-Guite Dufay en Bourgogne-Franche-Comté, François Bonneau en Centre-Val de Loire, Loïg Chesnais-Girard en Bretagne, Alain Rousset en Nouvelle-Aquitaine et Carole Delga en Occitanie — une proche de la maire de Paris. « C’est un bon indicateur qui signifie que l’appareil militant fonctionne toujours. Et si la dynamique se confirme au second tour, cela veut dire qu’une partie des Français se reconnaît dans cette gauche », estime un proche d’Anne Hidalgo.

Les scores décevants du RN et la déroute de LREM font même dire à la maire de Paris que le second tour annoncé entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen n’a rien d’inéluctable. « S’il y a un bon candidat à gauche et un bon candidat à droite, Macron fera entre 10 % et 15 % », parie-t-on dans l’entourage de la socialiste. Ses proches rêvent déjà d’un duel féroce entre la socialiste et un candidat de la droite qui redonnerait corps au traditionnel clivage entre les deux camps pour mettre fin à ce qu’Anne Hidalgo qualifiait dans son entretien au 1 d’« apolitisme plat » d’Emmanuel Macron. Dans cette longue marche vers l’Elysée, Anne Hidalgo prévoit de poser un premier acte vers une candidature avant la fin juillet, mais son équipe réfléchit encore à la forme qu’il devra prendre.

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