“Nous voulons conserver toutes nos régions”. Ainsi le parti socialiste présentait-il ses objectifs avant le premier tour des élections régionales de 2021. La marche semblait trop haute tant le parti à la rose a été affaibli au cours des dernières années, notamment par la victoire d’Emmanuel Macron issu de ses rangs, et tant les scores du Rassemblement national pour ce scrutin local étaient annoncés à la hausse par les sondeurs.
C’est un pari plus que remporté. Non seulement le Parti socialiste conserve ses cinq régions -Occitanie, Nouvelle-Aquitaine, Centre-Val de Loire, Bourgogne Franche-Comté et Bretagne, mais en plus il se paie le luxe de contribuer à celle d’Huguette Bello, la communiste qui fait basculer, avec ses alliés, La Réunion à gauche, seule nouveauté de ce scrutin alors que tous les sortants ont été reconduits.
Bien sûr, on pourra dire que l’abstention historiquement élevée (65%) vient atténuer ces victoires; bien sûr on pourra dire aussi que la prime aux sortants a joué à plein. Mais on ne pourra plus dire que le Parti socialiste est en état de “mort cérébrale”. C’est donc aussi le rêve de Jean-Luc Mélenchon qui voulait remplacer le PS qui prend un coup ce soir.
Il oublie sans doute la Normandie où la socialiste Mélanie Boulanger rassemblait le PS, EELV et Génération.s ou le Centre-Val de Loire où le socialiste François Bonneau est réélu avec le soutien du PCF, EELV, LFI et Génération.s.
Mélenchon salue la Guyane et La Réunion
Lors de son discours au soir du second tour, le leader insoumis n’a lui pas salué une seule tête de liste socialiste, même quand il était en soutien derrière elle, comme celle de François Bonneau. Jean-Luc Mélenchon a cité en revanche celle d’Huguette Bello- soutenue par les Insoumis au premier tour- une “femme hors du commun”, “qui a su tendre la main aux communistes et aux socialistes”. Il espérait aussi la victoire de Gabriel Serville en Guyane, lui aussi soutenu au premier tour par les Insoumis, et qui l’a emporté le 28 juin. Des arguments qui lui permettront de mettre lui aussi en avant des victoires quand le rassemblement se fait autour de candidats proches de son camp. Mais lui qui ne voulait plus des assemblages d’étiquettes et refusait encore le mot “gauche” il y a quelques temps a dû se résoudre à saluer à demi-mots l’union de la gauche.
Jean-Luc Mélenchon, qui a fait de sa stratégie à la présidentielle d’aller chercher les électeurs abstentionnistes, ne pourra pas non plus se féliciter d’y avoir contribué lors de ce scrutin local. Il a déploré ce record historique de l’abstention et appelé de ses vœux une rénovation de “fond en comble” des institutions, ce qui est déjà dans son programme.
Les trois forces de gauche pourront aussi déclarer qu’elles n’ont pas toujours besoin des Insoumis pour s’imposer. Comme en Bourgogne-Franche-Comté, par exemple, où Marie-Guite Dufay conserve son bastion, malgré un RN donné très haut, alliée au PCF et aux écologistes. Au premier tour, la liste insoumise n’avait rassemblé que 4.5% des suffrages, ne lui permettant pas de fusionner avec d’autres listes de gauche.
Yannick Jadot a déjà cédé sa place en 2017 pour rallier Benoît Hamon et ne semble pas prêt au même compromis l’an prochain. Anne Hidalgo s’est félicitée de ce score dimanche soir et a mis l’accent sur les électeurs qui “ont envoyé un message très clair”. “Avec autour de moi une équipe de France des maires et des élus locaux (...), nous y répondrons”, s’est projetée la potentielle candidate du PS à la présidentielle.
Le PS comme “force motrice”, selon Faure
Olivier Faure a déclaré sur TF1 au soir du second tour que ses têtes de liste avaient été élues “brillamment”. Il s’est immédiatement posé comme “force motrice” avec le PS qui a le devoir “de rassembler l’ensemble de la gauche et des écologistes pour pouvoir aller vers l’élection présidentielle”.
Si le score d’Audrey Pulvar en Île-de-France (11,07%), derrière Julien Bayou (12,97%) et devant Clémentine Autain (10,23%) pourrait venir affaiblir cette performance socialiste, il n’en est rien selon l’entourage d’Olivier Faure à l’AFP: “quand le rassemblement est autour des socialistes, la dynamique est plus importante que quand il se fait autour des écologistes”, expliquait-on après la défaite de l’union de la gauche face à Valérie Pécresse.