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20 juin 2022

Résultats des législatives 2022 : comment

Résultats des législatives 2022 : comment Jean-Luc Mélenchon et la Nupes ont réussi leur coup de bluff au second tour

 

 

Il ne sera certes pas le prochain Premier ministre, mais il a réussi un coup politique. A l'issue du second tour des élections législatives, dimanche 19 juin, Jean-Luc Mélenchon affichait une satisfaction déconcertante. "Ce qui se présente, c'est une situation totalement inattendue, absolument inouïe : la déroute du parti présidentiel est totale, et aucune majorité ne se présente", a-t-il lancé, à Paris, fort de l'entrée à l'Assemblée nationale de 133 députés de la Nouvelle Union populaire, écologique et sociale (Nupes).

>> Analyses, réactions… Suivez en direct la journée politique au lendemain du second tour des législatives

Une performance inédite pour la gauche nouvellement unie, habituée aux désillusions électorales nationales depuis 2017. Il y avait d'abord eu la défaite frustrante de La France insoumise à la présidentielle il y a cinq ans, puis de toute la gauche aux législatives qui ont suivi, et enfin, le 10 avril dernier, un Jean-Luc Mélenchon aux portes du second tour de la présidentielle. Mais alors comment la gauche est-elle passée de défaites à répétitions à ce nouveau statut de première force d'opposition politique à Emmanuel Macron ?

Un slogan de campagne "mobilisateur"

"Mélenchon Premier ministre" : le leitmotiv de la campagne de la Nupes a porté ses fruits, selon Romain Mathieu, enseignant-chercheur en science politique à l'université de Lorraine. Jean-Luc Mélenchon a réussi à convaincre ses partenaires de gauche de se ranger derrière sa stratégie de remporter un maximum de députés, afin d'obliger le chef de l'Etat à le nommer Premier ministre. "Le pari est plus que gagnant pour la gauche. Jean-Luc Mélenchon a eu raison de faire campagne sur un poste de futur Premier ministre. C'était beaucoup plus mobilisateur que de faire campagne sur l'éventualité de devenir la première force d'opposition à l'exécutif", explique ce spécialiste des partis de la gauche radicale et des coalitions politiques.

Le soir du premier tour des législatives, le 12 juin, c'est un leader "insoumis" au ton inhabituellement grave qui s'adresse aux électeurs, depuis Paris. "J'appelle notre peuple à déferler dimanche prochain" au second tour, clame-t-il, entouré des autres figures de la Nupes. Le leader de l'alliance de gauche défie directement le camp d'Emmanuel Macron. "La vérité est que le parti présidentiel, au terme du premier tour, est battu et défait", assure-t-il devant les siens.

Un face-à-face installé avec l'exécutif

Sans être candidat à sa réélection dans les Bouches-du-Rhône, Jean-Luc Mélenchon s'est imposé comme la seule véritable figure de la campagne, loin devant sa rivale d'extrême droite à la présidentielle Marine Le Pen, en multipliant les prises de parole, les événements et les attaques envers les principales figures du camp présidentiel.

Le leader de La France insoumise a décidé d'attaquer frontalement l'exécutif. D'abord, Emmanuel Macron sur sa communication et sa décision d'aller en Ukraine à quelques jours du second tour. "Avant de partir, il nous a fait un sketch sur le tarmac, alors ça n'existe pas, ça, d'habitude dans la tradition française. (…) Trump était spécialiste de ça, avant de monter dans l'avion, il insultait tout le monde", lance-t-il. Il s'en prend également à la Première ministre, Elisabeth Borne, dans un communiqué : "Depuis sa nomination, je propose à Madame Borne un débat public avec moi. Hier, la Première ministre a refusé ce débat. La chaîne France 2 avait offert d’organiser ce débat. Élisabeth Borne a refusé."

Le chef de file de la Nupes fait aussi un lapsus lorsqu'il évoque les électeurs qu'il souhaite voir revenir dans les urnes. Il parle ainsi de "fachos pas très fâchés", au lieu de "fâchés pas fachos". A La France insoumise, la stratégie est assumée : tenter de séduire les électeurs mécontents de la politique économique d'Emmanuel Macron qui ont pu voter pour Marine Le Pen et le Rassemblement national aux récents scrutins.

Désormais, avec 133 députés pour la Nupes, dont la majorité pour la seule France insoumise, l'ancien socialiste a taillé pour son camp une place de choix à l'Assemblée nationale. Les principaux bras droits de Jean-Luc Mélenchon, Manuel Bompard et Mathilde Panot, seront au Palais-Bourbon pour les cinq prochaines années pour encadrer une jeune génération d'élus, bien plus nombreuse que ne l'étaient les 17 députés LFI élus en 2017. 

Une "opposition frontale" annoncée à l'Assemblée

L'alliance de gauche Nupes a notamment fait carton plein en Seine-Saint-Denis en remportant les douze sièges de députés de ce département francilien populaire. Une première depuis 1981. Le nombre d'élus de la Nupes est cependant légèrement en deçà des espérances à gauche. "On avait ambitionné d’avoir une force politique bien plus importante que ce qu’on nous donne comme résultat ce soir", a relativisé sur franceinfo l'eurodéputé EELV David Cormand, ajoutant que la Nupes espérait "a minima avoir au moins 200 députés".

Les nouveaux hommes forts de la gauche parlementaires comptent mener la vie dure à la nouvelle majorité présidentielle, qui redoute une véritable obstruction parlementaire avec un groupe bien plus étoffé et rompu aux rouages du Parlement. "Quand on voit la capacité qu'ils ont eue à paralyser l'Assemblée nationale à 17, j'imagine ce que ça pourrait être à 50, 60 ou 70", soufflait le député macroniste du Gers Jean-René Cazeneuve, juste avant sa réélection au second tour. Un pouvoir de nuisance que confirme Romain Mathieu. 

"La Nupes peut clairement gêner Emmanuel Macron en utilisant des outils du parlementarisme à leur disposition, comme la motion de censure ou la saisine du Conseil constitutionnel. Ce sera sans doute aussi bien une opposition frontale que constructive."

Romain Mathieu, spécialiste des coalitions politiques 

à franceinfo

Un danger guette toutefois la Nupes dans les cinq prochaines années : l'éclatement de la coalition entre les différentes tendances politiques qui la composent. Le Parti socialiste et les écologistes pourraient en effet créer leur propre groupe au Palais Bourbon et ne pas forcément voter dans le même sens que la France insoumise. Une éventualité que Romain Mathieu voit comme une menace pour la stabilité de la Nupes : "Ce qui est le plus inquiétant pour la gauche, ce n'est pas qu'elle forme différents groupes. La question qu'il faut surtout se poser, c'est de savoir s'ils resteront unis et s'ils voteront dans le même sens ?"

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