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Au secours Ségolène revient !
22 juin 2021

ECTEURS « Paroles de lecteurs » - Quand Jean-Luc

« Paroles de lecteurs » - Quand Jean-Luc Mélenchon prend des libertés avec l’Histoire

« Mélenchon aurait confondu Daladier et Laval… Faudrait-il mettre une telle confusion sur le compte de la fatigue ? Même si c’était le cas, cela resterait très étonnant chez quelqu’un que l’on crédite si volontiers d’une grande culture historique », s’interroge Alain Pierrot après que Jean-Luc Mélenchon ait affirmé à tort que l’homme politique Edouard Daladier avait été un collaborateur pendant l’Occupation.

Publié hier à 19h04   Temps deLecture 3 min.

Jean-Luc Mélenchon, quelques instants après avoir prédit - ce qui a fait tant polémique - qu’un « grave incident ou un meurtre » devrait avoir lieu selon lui à la veille de l’élection présidentielle de 2022, a prononcé une autre phrase qui m’a fait sursauter tellement elle me paraissait une énormité ou plus exactement une contre-vérité : « Daladier a fini comme un collabo et il a été fusillé ou je sais pas quoi ».

Personne, parmi les journalistes qui l’interrogeaient, ne l’ayant relevée et n’étant pas moi-même un spécialiste de la question, je suis donc allé vérifier mon impression première, selon laquelle la « fin » d’Edouard Daladier n’avait rien à voir avec les affirmations de Jean-Luc Mélenchon. Il ne m’a pas fallu longtemps pour avoir la confirmation que celles-ci étaient plus que fantaisistes, voire radicalement fausses : Daladier a été arrêté par la police de Pétain, avec les autres députés et ministres du Front Populaire, dont Pierre Mendès France ou Jean Zay, qui s’étaient embarqués sur le Massilia en 1940 pour refuser la capitulation et a fortiori la collaboration, puis soumis comme la plupart de ces derniers et Léon Blum à la parodie de justice du procès de Riom.

Il fut ensuite déporté en 1943 en Allemagne par le pouvoir nazi jusqu’à la fin de la guerre qui ne coïncida, heureusement pour lui, ni avec sa fin personnelle ni avec sa fin politique. En effet, il continua sa carrière tout au long de la IVe République, toujours solidaire de Mendès France et du parlementarisme. Il se prononça contre les pleins pouvoirs accordés à De Gaulle en 1958 et contre la constitution de la Ve République (une position que je partage - c’est probablement la seule - tant avec Edouard Daladier qu’avec, semble-t-il, Jean-Luc Mélenchon) pour se retirer en cette même année 1958 de la vie politique.

Mélenchon aurait confondu Daladier et Laval… Faudrait-il alors mettre une telle confusion sur le compte de la fatigue ? Même si c’était le cas, cela resterait très étonnant chez quelqu’un que l’on crédite si volontiers d’une grande culture historique, à commencer par Jean-Luc Mélenchon lui-même, qui s’est vanté au cours de l’émission de connaître si bien notre vie politique depuis deux siècles… Le moins qu’on puisse dire est que cette grande culture historique présente de sérieuses lacunes qui, malheureusement, concernent un moment crucial de l’histoire de notre pays et du monde.

Il n’y a pas de démocratie, sans débat, sans confrontation. Et inévitablement, beaucoup pensent que tous les coups (notamment médiatiques) sont permis et que l’outrance et la caricature sont des armes nécessaires pour se rendre audibles. Force est de constater qu’ils arrivent à leurs fins bien plus souvent que ceux qui respectent les faits et du même coup les gens auxquels ils s’adressent. Raison de plus pour, sans illusion en ce qui me concerne, exercer le devoir civique qui est le nôtre de démentir des propos de cette nature, surtout quand ils connaissent une large audience et, qui plus est, sont proférés par quelqu’un qui bénéficie d’une réputation, à mon sens surfaite, de compétence dans ce domaine.

Je n’ai pas de sympathie (ni d’antipathie) particulière pour l’homme d’Etat que fut Edouard Daladier, qui a dû exercer ses responsabilités dans des circonstances terribles. Ses actes sont depuis longtemps soumis au jugement de l’Histoire, c’est-à-dire au jugement critique des historiens qui se basent sur les documents et les témoignages. Quant aux invectives et aux insultes, elles sont aussi des données à prendre en considération mais elles renseignent surtout sur ceux qui les prononcent.

J’ai l’impression (je l’avoue difficilement vérifiable…) que l’agrégé d’histoire qu’était Edouard Daladier, comme tout véritable historien, ne se serait pas laissé aller au même dérapage, si l’on peut qualifier ainsi une aussi grossière erreur ou falsification historique que celle à laquelle Jean-Luc Mélenchon s’est livré.

 

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