Alors que les Amphis d’été de LFI débutent ce jeudi pour quatre jours dans la Drôme, le leader de La France insoumise donnait une interview au Dauphiné Libéré

Sans donner de préférence, Jean-Luc Mélenchon a reçu les deux candidats les plus proches de lui idéologiquement, Sandrine Rousseau et avant elle, Eric Piolle le matin. La première s’est réjouie de partager avec Jean-Luc Mélenchon la conception d’une « écologie de rupture ». Quant au maire de Grenoble, il a fait savoir sa détermination à rassembler le même « arc humaniste », incluant les Insoumis, que pour ses deux victoires municipales, manière de signifier qu’il ne venait pas pour faire allégeance à Jean-Luc Mélenchon.

Les troupes insoumises abordent la rentrée politique en brandissant chiffres et sondages. Ils juxtaposent les moins de 20 000 inscrits à la primaire écologiste et les 250 000 parrainages recueillis en ligne pour Jean-Luc Mélenchon. Ils évoquent le baromètre Harris interactive qui donne leur champion premier à gauche avec 11 % des intentions de voix, devant Anne Hidalgo et le candidat vert testé, Yannick Jadot (entre 6 et 7 %).

Enfin, ils révèlent le sondage commandé au même institut, selon lequel les 42 principales propositions du programme insoumis obtiennent une majorité d’opinions favorables. Ainsi, 76 % des sondés se disent favorables à l’augmentation du SMIC à 1 400 euros nets par moi ; 68 % à la baisse des impôts pour les personnes gagnant moins de 4 000 euros par mois ; 63 % à la convocation d’une assemblée constituante pour une VIe République.

Une personnalité clivante

« Ce sondage est essentiel pour notre rentrée. Ca fait des semaines, des mois qu’on s’évertue à dire que notre candidat c’est le programme », a expliqué le député Adrien Quatennens, coordinateur de LFI.

Qu’importe que le programme n’ait pas fondamentalement bougé depuis 2017, a-t-il assuré : « Les urgences identifiées en 2017 n’ont pas changé, on ne va pas faire semblant de repartir d’une page blanche. Nous voulons plutôt faire preuve de stabilité, de constance, ancrer le programme sur la durée ».

Les Insoumis, et l’intéressé le premier, savent que la personnalité de Jean-Luc Mélenchon est clivante auprès des Français testés dans les sondages, mais tenteront tout de même de capitaliser sur sa notoriété, un autre aspect de cette « situation confortable ». « Il vaut mieux avoir un candidat talentueux, expérimenté, qui peut parler à la France populaire », a souligné Adrien Quatennens. « Parlez de certains candidats aux primaires dans les quartiers populaires, ils ne les connaissent pas ».

Convaincre les abstentionnistes

Car LFI se donne pour mission de convaincre les abstentionnistes. Au point que Jean-Luc Mélenchon prophétise dans le Dauphiné libéré : « Si les milieux populaires ne vont pas voter, nous serons écrasés. Si la participation atteint le niveau normal de 80 %, nous arrivons au second tour ».

Bavardant dans la pelouse en pente douce, Félix et Gwenolé, militants de 30 et 23 ans venus de Rennes, se congratulent : en démarrant dès novembre dernier, les Insoumis se sont ménagé « plusieurs phases ». « C’est confortable : d’abord la mise en ordre de bataille en interne, la mobilisation de ceux qui étaient là en 2017 (19,58 % des voix). Et désormais avec notre phase d’union populaire on commence à étendre la campagne pour que les colères individuelles se transforment en espoir ».

Au PS, l’ancien premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis, qui connaît l’Insoumis depuis leur jeunesse trotskyste, est sceptique : « Mélenchon se réduit à ce qu’est la gauche radicale dans ce pays depuis 2002, 12 %. À la fin il sera plus bas. La candidature communiste de Roussel vient de lui prendre un point, Montebourg aussi. Il n’est pas dans une dynamique ascendante. »