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Au secours Ségolène revient !
13 décembre 2021

Présidentielle : la gauche à l’ère primaire Si la

Présidentielle : la gauche à l’ère primaire

Si la situation de la gauche n’était pas aussi désespérante, on pourrait presque s’amuser de la dramaturgie à laquelle nous assistons à propos de cette Primaire populaire, concoctée par de jeunes lanceurs d’alerte transformés en sauveteurs de leurs aînés. Terrible constat d’échec des partis traditionnels et de leurs candidats, enfermés dans la nasse de la division, courant dans le précipice, tels des kamikazes enfiévrés. Et voilà que, comme un diablotin sorti de sa boîte, porté par près de 300 000 signatures, ce projet pourrait bien apparaître comme l’opération de la dernière chance avant le déluge.

La volte-face d’Anne Hidalgo, désormais favorable à un nouveau jeu collectif, désignée elle-même sans débat par un Parti socialiste moribond, certes, est liée à son score lilliputien dans les sondages, mais pas seulement. Quels que soient les motifs qui l’ont poussée à effectuer ce virage à 180 degrés sur les chapeaux de roues, au risque de finir dans les décors, elle a le mérite de remettre le projet de cette primaire au centre du jeu.

A priori, l’affaire est vouée à l’échec, tant la candidate socialiste a subi des refus intempestifs, voire des moqueries cruelles et variées. Et pourtant, tous les candidats de gauche devraient y regarder à deux fois, avant de claquer définitivement la porte à celle qu’ils raillent sans élégance. Car, si rien ne bouge, si un électrochoc n’est pas tenté sur l’opinion, ils seront condamnés à n’être que des acteurs de seconde zone, des figurants pathétiques, arc-boutés sur leurs fonds de commerce, à deux doigts de mettre la clé sous la porte. La gauche en deuxième division ? C’est pour bientôt ! C’est le message répété à l’envi par nos lanceurs d’alerte de la Primaire populaire.

Trop tard ?

Pour sortir de la nasse, il faut donc jouer le jeu de la société du spectacle. Faire un grand show sur petit écran. Plus que jamais, en effet, l’élection présidentielle est devenue une série télévisée où les débats sont vécus par les Français comme des épisodes de « House of Cards » ou du « Baron noir ». Appelons cela la démocratie cathodique. Les Verts et Les Républicains s’y sont frottés, avec succès. Alors, pourquoi le camp de ceux qui se nomment les « progressistes » ne parviendrait-il pas à opérer cette mue ? On les dit irréconciliables, ces gauches ? Certes, elles n’ont pas de programme commun, mais elles peuvent inventer encore un chemin qui pourrait ressembler à ce que Lionel Jospin appelait la « gauche plurielle ». Dans « plurielles », il y a « différentes ».

Imaginez une saison 2 de la gauche, avec une confrontation télévisée durant plusieurs semaines, un « Koh-Lanta » politique, sans totem d’immunité, sans œillères, sans peur de perdre ses maigres parts de marché électoral, avec simplement l’idée de servir au mieux le pays, donc en tentant de chercher les plus petits dénominateurs communs, histoire d’expliquer aux Français que ces frères ennemis sont capables de gouverner ensemble. Sinon, pourquoi voteraient-ils pour ces fossoyeurs d’une gauche en miettes ? Le pari de la primaire est quasi pascalien.

Un doux rêve ? Sans doute. Les plus réalistes diront qu’il est déjà trop tard, que les carottes sont cuites, que la gauche est en voie de fossilisation, que son logiciel est effroyablement passéiste. Voire suicidaire. Mais ces trentenaires, qui ont lancé leur projet de Primaire populaire comme une bouteille à la mer, méritent qu’on les écoute. A l’intérieur des partis, des voix s’élèvent pour qu’on en finisse avec les herses, les ukases, les tranchées, les ego pathétiques, et qu’on ne néglige pas cette porte de sortie. Elles sont encore minoritaires. Mais elles pourraient bien peser pour l’avenir. Dans cinq ans ou dix ans ? Au moins pour reconstruire ce qu’on ose encore appeler une « gauche de gouvernement ». Loin du fatalisme qui gagne. Le chantier est colossal. Il est politique, idéologique, programmatique. Il révèle, hélas, le gouffre dans lequel les « anciens » nous ont entraînés.

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